Une journée à l’asinerie avec Ramses

Bonjour, c’est Ramses.

Les journées à l’asinerie débutent toujours de la même façon, par la visite de notre patronne, qui vérifie notre œil ( gai ou triste, ce matin ? ), notre poil ( bon ou mauvais ? ), l’état de notre dos, de nos membres, la propreté de l’abreuvoir, etc…J’aime bien ces petits moments d’intimité, finalement c’est doux quand ça veut, un humain…

Et puis ce matin, ô joie, la patronne a un licol dans la main. Pour nous tous, cela signifie que l’un d’entre nous a été choisi pour partir en randonnée. Il faut que vous sachiez que nous les ânes éduqués, nous prenons un réel plaisir à partager des sorties avec des humains. Pour ce qui me concerne, je suis presque toujours choisi lorsqu’il y a des enfants ( je partage la vedette avec Cerise ) : mon caractère calme, doux et affectueux ravit  les petits, et rassure les parents.

Aujourd’hui, je suis donc l’heureux élu de la journée.

La sortie du pré est toujours très AN-imée : imaginez 4 ânes qui se précipitent en même temps pour mettre leur tête dans un seul licol et vous aurez une idée de la légère AN-archie. Mais la patronne qui sait nous prendre par les sentiments, a déposé dans le pré plusieurs petits seaux de pain et de carottes ! alors  contre mauvaise fortune bon cœur, et  aussi à cause de notre légendaire gourmandise, mes compagnons me laissent la place dans le licol pour mieux se gaver.

D’un pas allègre, je suis ma patronne jusqu’à la carrière ( sorte de corral où je vais être attaché pour être brossé et bâté ).

Ici une petite explication s’impose : chez nous, un âne bâté n’est pas, contrairement au langage courant, un âne stupide, mais un âne qui porte sur son dos un bât, et des sacoches, servant à contenir vos différents objets,  ou même à accueillir l’un de vos enfants ( tout le monde sait que les jeunes enfants, contrairement à nous les ânes, n’aiment pas forcément marcher pendant plusieurs kilomètres ).

A ce moment-là de la journée je découvre enfin mes compagnons du jour, Nathan (9 ans ) , Clément ( 6 ans ) et Victoire ( 5 ans ). Tout de suite le contact s’établit, c’est à celui qui me caresse en premier, me donne une carotte, me flatte sur l’encolure.. Et là quelle merveille, je me sens le plus heureux des ânes et je ne donnerai ma place pour aucun pré au monde.

Allons soyons sérieux : la patronne met un terme ( provisoire ) à ces effusions pour donner les explications nécessaires aux parents et les recommandations indispensables aux enfants. Moi je prends un air grave et entendu. Puis ça y est enfin, après avoir mis dans les sacoches vêtements, boissons et gâteaux, (vous avez dit gâteaux,…), c’est le départ.

La patronne nous accompagne pendant une petite demi-heure pour que mes meneurs d’un jour aient le temps de mieux me connaître, puis elle rebrousse chemin, non sans leur avoir laissé un itinéraire détaillé de la balade  ( j’ai beau lui expliquer que depuis le temps que je fais mon métier, sérieusement et avec application, l’itinéraire est définitivement dans ma tête et au bout de mes oreilles, elle continue à gâcher du papier et de l’encre…Enfin ils ne peuvent pas comprendre, ce ne sont que des humains sans instinct d’orientation et sans odorat…

Durant toute la randonnée, les 3 enfants me prennent chacun à leur tour par la longe, Victoire monte même sur mon dos après m’avoir gentiment embrassé pour me demander la permission. Je ne peux pas lui refuser bien sûr. Nous traversons des bois,  passons devant une jolie mare aux canards, franchissons 3 petits gués qui m’obligent à me mouiller les pieds ( on dit toujours que les ânes n’aiment pas l’eau mais devinez qui  attend patiemment de l’autre côté du gué pendant que mes soi-disants  meneurs se demandent comment faire : c’est bien moi, pardi !

Au bout de 3 heures, nous apercevons au loin les prés de l’asinerie, et surtout nous entendons un concert de braiements : Hi-Han, Han-Hi, : nous sommes de retour.

Dernières caresses, dernières photos, dernières cajoleries, après des promesses de leur part de revenir, c’est l’œil humide que je reprends le chemin du pré.

C’est bon de se sentir aimé…

Ramses

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RAMSES
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